La sérendipité : découvrir de manière fortuite…
- claudehagege
- 27 sept. 2016
- 2 min de lecture
« … L’internaute trouve une nouvelle motivation narcissique qui l’encourage à formaliser ses engagements au risque de diffuser tout azimut sa vie privée jusqu’à en perdre le contrôle.
Il découvre aussi que ses amis ne sont que des «connaissances numériques». Il touche du doigt cette navigation transversale, sans hiérarchie, sans privilège et riche de toutes ces découvertes imprévues, connues sous le nom de serendipity. La «sérendipité» est une découverte faite de manière fortuite, par chance ou par concours de circonstance. Comme pour la pénicilline, le vaccin contre la rage ou la tarte Tatin, l’internaute découvre au gré des liens hypertext un environnement nouveau, une terre qui lui est vierge.
Historiquement, c’est en 1754 que l’anglais Horace Walpole, s’inspire d’un conte de fée persan intitulé «Les Trois Princes de Serendip» (Et de citer : «tandis que leurs altesses voyageaient, elles faisaient toute sorte de découvertes, par accident et sagacité, de choses qu'elles ne cherchaient pas du tout…»).
La définition de ce terme s’affinera avec les années. Nombre de savants ont depuis tenté une vraie «dissection». Le dernier en date (2005), est de l'ethnographe anglais Mark de Rond. Il décline quatre types de sérendipité : (1) On découvre par hasard ce que l'on ne cherchait pas (la pénicilline) ; (2) On découvre autre chose que ce que l'on cherchait grâce à un concours de circonstances favorables (l'aspirine, le Coca-cola, le Viagra) ; (3) On découvre par hasard ce que l'on cherchait (structure de l'ADN) ; (4) On découvre grâce à un concours de circonstances favorables ce que l'on cherchait (La Polymérase Chain Reaction connue en biologie moléculaire sous le sigle de PCR).
Le système hypertext pousse l’internaute vers une navigation intuitive, le conduisant de liens en liens à des découvertes fortuites. C’est une manipulation imprévue qui trouve immédiatement un intérêt concret. Souvent il estimera cette découverte meilleure que ce qu’il cherchait. Google a bien compris ce concept de «disponibilité intellectuelle» puisqu’il offre à ces ingénieurs 20 % de leur temps pour de la recherche libre … » (extrait de l’éthique de l’internet … Claude Hagège – L’Harmattan, 2015)
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